Je veux vous parler du site des archives départementales de la Dordogne sur lequel, en ligne, il y a près de 700 entretiens en occitan avec des vieux témoins.
Les collecteurs sont partis dans tout le Périgord, ils ont tendu leur micro, appuyé sur le bouton du magnétophone et enregistré, enregistré. Il fallait saisir les accents, les intonations, les multiples variétés de la langue, ici en bergeracois, là-bas à Sarlat, plus au nord dans la vallée de la Beune, plus au nord sur les hauteurs de Savignac-Lédrier, à l’ouest dans la Double ou vers Hautefort dans le Pays d’Ans.
Y accéder est simple. Sur le site des archives choisissez le chapitre archives numérisées et là optez pour la section archives audiovisuelles. Vous n’avez plus qu’à rechercher dans le thème, les villes et villages et même le nom de l’interviewé si vous avez ce nom.
Il s’agit d’une véritable encyclopédie du savoir dans nos bourgs et villages. Par exemple Claude Castang à Bergerac. Il est né en 1933. Il évoque lo jouquo qui était la jouque à savoir la chasse la nuit pour saisir les oiseaux au juchés avec une lumière aveuglante. " On allait à la jouque "... Daniel Grimal lui est d’un hameau proche de Beaumont-du-Périgord. Il évoque longuement l’usage catholique des Rogations quand chaque année le curé accompagné de plusieurs enfants de chœur parcourait les campagnes pour bénir les champs s'arrêtant à toutes les croix de carrefours, les croix des cafourches. On est en beaumontois il emploie le mot adaro pour dire maintenant quand les occitans languedociens emploient plus communément le mot auro. Mais ici ce mot adaro est une particularité linguistique du Beaumontois, du Monpaziérois et de l’Issigeacois.
Autre rencontre à Couze avec Marie-Thérèse Vidal. Elle évoque les veillées d’antan qui étaient un moment d’échange des nouvelles, la veillée jouait le rôle du réseau social local moderne. Et elle dit sa nostalgie d’un temps où la communauté villageoise vivait en harmonie, en bonne entente. Marie-Thérèse le répète, elle regrette ce temps-là. Autre interlocuteur Roger Poumeyrol à Mouleydier, né en 1924. Il évoque la mémoire de son instituteur, un véritable hussard noir de la République, et la mémoire de cette commune où les grands propriétaires fonciers possédaient la moitié du territoire et ou presque tous les enfants de l’école étaient enfants, de métayers, les métadiers de l’occitan meytodiè, et dont raconte-t-il les garçons portaient les culottes courtes tous les jours de l’année jusqu’à l’âge de 14 ans.
Paulette Boucq, elle, est de Bouniagues. Elle évoque la grande pauvreté des petits paysans attachés aux grands domaines jusque dans l’entre-deux-guerres. "Il y avait encore des marquis, des cochers, des veillées à la nuit, des carrioles pour se rendre à la foire, des tombereaux pour transporter les produits agricoles et des moines remplis de braises pour réchauffer les lits en hiver."
Alors si vous avez du temps allez piocher dans cette véritable encyclopédie orale. Ils sont 626 dont la voix a été sauvée, les souvenirs aussi.
https://archives.dordogne.fr/a/535/memoire-s-de-demain-/