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Periberry

Ethnologie, Berry, Périgord, Auvergne, Bergerac, Dordogne, Loire, tradition orale, mémoire paysanne, recherche sur le paysage, randonnées pédestres en Auvergne et Pyrénées, contes et légendes, Histoire.


Dictons d'avril

Publié par Bernard Stéphan sur 26 Mars 2024, 09:47am

Catégories : #traditions orales

En avril... Bien sûr on n'ouvre pas cette chronique sans le dicton toujours entendu, « En avril ne te découvres pas d'un fil ». Cette année avril vient avec Saint-Hugues (le 1er). On entend "Pluie de Saint-Hugues à Sainte-Sophie (25 mai) remplit granges et fournils". 

Cette année Pâques concluait mars. Ne dit-on pas dans la Double du Périgord, cette petite région de forêts, d'étangs et de fermes à colombages du département de la Dordogne « A Pâques le temps qu'il fera / Toute l'année s'en rappellera » ? Et on dit aussi en bas-Limousin et en particulier en Corrèze dans le pays d'Ayen « Avril venteux / Vergers pommeux ».

Et il y a ce dicton entendu dans les collines viticoles du Sancerrois, en Berry : « Pluie d'avril/ Remplit granges et fenils/ Bouteilles et barils ».

Et cette année, la lunaison qui suit Pâques commence le 8 avril et durera jusqu'au 8 mai,  et ce sera alors la lune rousse. Elle a mauvaise réputation car, dit-on, elle apporte les gelées tardives pendant les nuits claires de pleine lune, autour du 24 avril cette année. Et donc on retiendra ce dicton d'Auvergne, qui nous vient des villages des coteaux de la Limagne : « L'hiver n'est point passé/ Que la lune rousse n'ait décliné ».

Et c'est en avril qu'arrive le coucou. Et d'ailleurs un dicton du Périgord l'affirme fortement: "Mort o viu / Per lo quinze d'abriu/ Fau que lo cocu àie cantat" (Mort ou vif, pour le quinze avril, il faut que le coucou ait chanté).

En attendant qu'on ne croit pas que tout risque hivernal soit passé. Saint Narcisse, le 18 avril, nous le rappelle avec ce dicton de la vallée de la Loire : « Neige de saint Narcisse / Pour le blé n'est que bénéfice. »

Avril cette année est marqué non seulement pas la lune rousse, et s'y ajoute en fin de mois quelques saints du calendrier qui ne sont jamais les bienvenus pour les arboriculteurs et les vignerons. 

Ainsi vont venir les Cavaliers du froid ou Grands chevaliers avec saint Georges (23 avril), saint Marc (le 25), saint Robert et saint Eutrope (le 30), saint Philippe (le 1er mai) et sainte Croix le 3 mai. « Les cavaliers, sont tous porteurs de gelées », dit-on dans le bocage du Bourbonnais. Les dictons du Berry les qualifient de « marchands de vin » parce qu’ils « vendent » le vin futur avant la récolte, en gelant les bourgeons. On les appelait aussi « Jourget, Marquet, Troupet et Crouzet.» Troupet en Périgord c'est  Eutrope (Estropi en occitan). Saint-Eutrope était dit-on le saint-patron des estropiés, il était prétexte à de nombreux pèlerinages près de fontaines qui lui étaient dédiées, mais aussi d'églises et de chapelles. Ainsi le pèlerinage à la fontaine de Saint-Eutrope pendant la foire de la Latière dans la Double du Périgord.

Et une fois passé les Cavaliers;  que l'on ne croit pas que tout danger sera alors écarté. En effet, ce n'est pas terminé, les saints de glace viendront plus tard en mai.

 

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