Les cabanes à toitures végétales associaient au moins un élément minéral. Il s'agit du muret de base qui délimitait la surface du bâtiment sur un plan rectangulaire et assurait son assise et son dessin au sol. C'est un muret de pierres sèches qui ne dépassait jamais un mètre de haut et sur lequel venait en appui la structure à perches de bois sur laquelle était montée la toiture végétale. Des cabanes assez sembables ont été inventoriées à l'extrême sud du Périgord et au nord de l'Agenais, construites avec les mêmes matériaux végétaux, à deux grands pans de toitures descendant jusqu' au sol, sans muret de pierre ni marquage de pierre au sol.
Les loges ou cabanas
Les vastes cabanes du Périgord méridional ont subsisté jusque vers 1970. Elles ont eu également une réplique plus modeste, celle de loges de vignes ou loges de talwegs à usage de cabanes des champs, abris d'outillage , abris pour la pause des travaux loin des fermes quand il n'y avait pas de cabanes de pierres sèches, abris de chasse. Construites rigoureusement avec la même technique que les vastes cabanes agraires, ces loges ou cabana ont subsisté jusqu'au milieu des années 1970.
Couverture de genêts et de brande
La couverture végétale de ces cabanes faisait appel à deux types de plantes, les genets et la brande (lo brugo). Les premiers étaient les mêmes que le genêt à balaie. La brande est une variante de bruyère typique des sols de clairières des bois de châtaigniers. Sa pousse est très lié à l'entretien du sous-bois. Lorsqu'elle est en concurrence avec d'autres végétaux du sous-bois, la brande finit par disparaître. Les deux matériaux étaient souvent utilisés en association. Pour la brande la technique de mise en oeuvre était la botte de petite dimension, qui une fois serrée, tient dans la main. "Elément facilement manipulable, écrit la Revue d'Auvergne, que les familles ou les groupes de villageois préparaient à l'avance, en période de morte saison." Les liens d'assemblage étaient des liens végétaux, avec notamment l'osier (appelé vime localement) ou les tiges de saule ou de bouleau. J'ai connu les bouquets de brande liés avec un fin fil de fer. Quand au genêt il était assemblé soit en botte tenant dans la main ou piqué tige par tige. C'est le principe des piqueurs de genêts, ce vieux savoir-faire qui subsiste encore dans une partie de l'Auvergne, en Velay, dans le massif du Mézenc où quelques artisans construisent toujours des toits en genêts.
Victimes de la mécanisation
L'entretien de ces bâtiments, qu'il s'agisse des cabanes vastes comme des halles pour y abriter les machines agricoles ou des loges de champs ou de vigne a été progressivement délaissé au lendemain de la seconde guerre mondiale. Pour aller vers un abandon quasi total de cet usage avec la mécanisation, l'exode rural de l'après-guerre, les effets des remembrements, l'abandon des vignes familiales et du délitement des vieilles communautés villageoises. C'est au début de la décennies de 1970 que les dernières cabanes et loges ont disparu.
La grange étable en héritage
Le modèle de l'habitat qui a copié la vaste cabane au toit de brande ou de genêt (ou mixant les deux plantes) est la ferme en longère avec maison à rez-de-chaussée, combles à fonctions agricoles (séchage du tabac ou stockage des grains ou stockage du foin notamment). Dans la continuité du bâtiment de vie des hommes, on trouve la grange étable qui est définie ainsi par le CAUE de la Dordogne: "Bâtiment polyvalent d’élevage et de stockage, la grange étable est l’élément maître de chaque ferme. Soigneusement construite avec des matériaux locaux, elle ouvre sa façade principale, toujours bien orientée, sur la cour. La grange étable est dotée d’une aire centrale et d’étables mitoyennes. L’aire centrale est multifonctionnelle, servant à l’alimentation des crèches, permettant l’accès aux étages de stockage, servant de remise aux engins agricoles et quelques fois d’aires de battage. On a le principe d’étables, de part et d’autre de l’aire centrale, dans la profondeur du bâtiment, mais n’accueillant que quelques bêtes, pas plus de 7 en général (système agraire de polyculture élevage). La construction s’organise sur un plan simple de forme rectangulaire, de 6 à 12 mètres de profondeur, variant selon l’importance de l’exploitation et la date de construction du bâtiment. La longueur minimale d’un bâtiment type composé de deux étables est de 12 mètres. Les ouvertures sont uniquement sur la façade principale, dans la longueur du bâtiment, côté cour et toujours bien orientées au sud ou à l’est, ce choix privilégiant donc la grange aux dépens de l’habitation pour la construction. Enfin, on a une couverture avec un faîtage dans le sens de la longueur du bâtiment." La grange étable peut être comme dans les fermes de Bousserand (Périgord méridional), à rez-de-chaussé, possédant un volume de stockage pour le foin sous les combles. Le volume de celles-ci est valorisé en raison de la très forte pente de la toiture. Cette vaste zone de stockage est désignée du mot occitan "jouqua" que l'on francise dans le Périgord méridional avec le mot jouque.