La photo ci-dessous a été prise sur un plateau du Périgord aux limites des communes de Pontours, de Badefols-sur-Dordogne et de Molière qui domine la vallée de la Dordogne. Nous sommes ici sur des pentes calcaires reconquises par les taillis. Le plateau sur la rive gauche de la rivière est coupé par des vallées sèches perpendiculaires, descendant vers la vallée de la Dordogne. Ce sont les combes. Les pentes de ces combes sont toutes occupées par les vestiges résiduels des murets de pierres sèches et des gariottes. Une bonne trentaine de cabanes ont été recensées.
Il y a trois types de cabanes de pierre. Le premier est une cabane ronde, structurée, pouvant accueillir plusieurs personnes se tenant en positions assises à l'intérieur (exemple de la cabane photographiée ou les cabanes du village du Breuilh sur la commune de Saint-André d'Allas).
Le second type, ce sont des cabanes plus petites, simples refuges coupe-vent aménagés dans l'épaisseur des murets. Le troisième type ce sont des cabanes rectangulaires ayant l'aspect d'une maisonnette à une seule pièce dont un pignon supporte une cheminée. Ces cabanes-là sont à l'écart des pentes, sur des replats, ce qui tend à indiquer qu'elles ont pu être des logements pastoraux temporaires ou saisonniers.
Globalement le paysage est un aménagement de terrasses de culture de versants avec murs de soutènement en pierres sèches. Les cabanes refuges intégrées dans les murs se retrouvent le long d'anciennes parcelles en vigne, en général ces murs donnent sur les crètes. On peut ainsi considérer qu'il s'agit d'une variante des cabanes de vigne, refuges contre le vent du nord ou contre les vents humides de l'Océan.
Les grandes cabanes rondes sont à mettre en relation avec des activités agraires plus larges et notamment celles de la culture du seigle, du blé noir et celle du pastoralisme, actif sur les versants des combes au XIXè siècle et au début du XXè siècle. N'oublions pas que le Périgord fut dans le top 5 français pour le nombre de tête de moutons avec 400.000 têtes vers 1860 et jusqu'à 700.000 en 1920. Ce pastoralisme (moutons donc) mais aussi cochons, dindes et oies, a été un complément de l'activité des métayers sur ces zones calcaires pauvres.
Les gariottes sont ce que Michel Raimbault et Chantal Rouchouse, spécialistes de l'architecture vernaculaire provençale, appellent "l'architecture de nécessité". Celle-ci est menacée par la reconquête forestière, l'abandon des pentes, les effets des intempéries.
Parmi mes recherche sur les mots du français régional j'ai ainsi traité le mot borie dans mon livre Le parler du Périgord, ed. Bonneton:
Borie (n.f.).- de l’occitan (provençal) bòriò, mais aussi du latin boaria (étable à bœufs). Ce mot a un double sens. C’est la ferme et en particulier la métairie d’un domaine en Gascogne, en Languedoc et en Périgord. En Provence c’est le domaine avec sa bergerie.
/image%2F1218262%2F20210222%2Fob_0879a1_tamnies-cabane-de-pierres-seches-sur.jpg)
C’est aussi (vocabulaire touristique) la cabane de pierres sèches que l’on désigne aussi en Périgord noir et en Quercy par le mot gariotte. C’est une cabane pastorale ou agro-pastorale. On la trouve dans de très nombreux terroirs du sud de la France, mais aussi du pourtour méditerranéen sous les noms d’ori, de cheyrou, de capitelle, etc. Dans le Velay ce sont les chibottes, cabanes en pierres sèches généralement en appui sur un mur de pierres sèches lui aussi. Dans mon enfance, entre écoliers, dans notre langage, c’était les huttes gauloises. De très nombreux lieux-dits des alentours de Lalinde (Dordogne) portent la toponymie de Borie, Borio, Boria, Borie-Haute, Borie-Basse, La Bouriette, le Pont de la Bouriette, la Borie de Paty, la Borie Neuve. On trouve aussi des patronymes nombreux en Périgord qui renvoient à la borie avec Borie, Laborie, Bories, etc.
Dans toutes ses acceptions le mot est usuel en Périgord noir.