Mots d'Oc/ Ville d'Oc/ Bergerac ville du tabac.- Nous sommes toujours à Bergerac, Brageira, ville occitane. Aujourd'hui nous allons nous intéresser à cette place si particulière qui fut la sienne : la capitale du tabac. Longtemps un célèbre paquet de tabac porta son nom. Au point d'ailleurs que le mot Bergerac était devenu synonyme de tabac.
La culture du tabac a durablement marqué la vallée de la Dordogne à la fin du XIXè siècle et au XXè.
En 1927 s'implante à Bergerac l'ITB (Institut des Tabacs de Bergerac), il a fermé en 2015 dans la foulée des grandes restructurations de la SEITA.
Aujourd'hui l'étape incontournable du Bergerac tabacole est le musée du tabac. Un lieu rare, véritable exploration anthropologique du tabac, de son histoire dans le monde, jusqu'à son implantation en Périgord.
Il y a le lieu. L'hôtel Peyrarède, rue de l'Ancien-Pont, une vaste maison bourgeoise de ville datée du XVIIè siècle.
Les mots d'oc attachés au tabac sont nombreux. On commence par le verbe fumar (pour fumer) qui s'entendait antérieurement à l'arrivée du tabac pour épandre du fumier dans une terre ou pour un certain type de préparation pour conserver la viande. Une autre mot typique du travail du tabac est manoco pour manoque, botte de 25 feuilles de tabac séchées réunies par une 26è feuille enroulée autour des autres. L'occitan manoco cousine avec l'espagnol manojo. En français régional on trouve aussi le mot magnote. Il renvoie à la racine man pour la main.
Le musée du tabac de Bergerac retrace cette histoire de l'arrivée de la culture du tabac en Périgord. Il vient en voisin puisque la première implantation serait sur des terres de Clairac dans l'actuel Lot-et-Garonne où des moines plantent du tabac pour la première fois en 1636. Il faudra du temps avant que l'agriculture s'en empare. C'est le 26 décembre 1857 que la culture du tabac, très encadrée par l'Etat, est officiellement autorisée dans le département de la Dordogne. En 1863 on dénombrait 2066 planteurs en Dordogne. Et si on observe bien l'architecture paysanne locale, les plus anciens séchoirs à tabac, notamment ceux construits en pierre, sont donc postérieurs à 1857. Ultérieurement dans l’immédiate après-guerre la croissance de la production va conduire à construire un archétype de séchoir en bois dont les planches de bardage sont peintes d’une couche de goudron, le coaltar. Ce séchoir sera mis au point au terme d’un concours d’architectes initié en 1952 par la Fédération nationale des planteurs de tabac. Le projet leader retenu fut imaginé par l’entreprise Chaverou de Bergerac. C’est celui qu'on voit toujours dans les campagnes du Périgord. Pour séchoir à tabac il n 'y a pas de mot d'oc spécifique. J'ai entendu « ingar o toba » pour hangar à tabac. Le site gasconha.com suggère d'utiliser le verbe secader (sécher) et de l'introduire dans le nom composé suivant : « sécadé dé tobac ».
Parmi les nombreux objets présentés dans le musée de Bergerac, il y a ce fameux paquet de tabac brun, en papier d'emballage orange, portant la mention imprimée Bergerac. Il fut le paquet très populaire du tabac à pipe ou à cigarettes à rouler dans les années 1960 et 1970. Au point que le mot Bergerac fut souvent synonyme de tabac et se substituait à lui au comptoir, le client demandant un paquet de Bergerac.
Mais aujourd’hui chacun sait combien le tabac est nocif pour la santé ; alors prenons l’air un instant avec les lieux-dits absorbés par la ville de Bergerac, quelques nouveaux toponymes aux racines occitanes que l'on retrouve sur le cadastre. Ainsi La Castaniade, de castan (en languedocien) ou chastan (en limousin) pour châtaigner, La Graule Vieille ( de l'occitan graulat pour corneille ou corbeau), La Nauve (de l'ancien français nohe, zone humide, vallon en gouttière où s'écoulent les eaux). On trouve quelquefois la forme voisine avec le toponyme Nauze .