Mots d'Oc/ Villages d'Oc/ Saint-Michel de-Montaigne.- Nous partons à l'extrême ouest du Périgord, aux limites girondines. Pays de vignes, de côteaux ensoleillés et de vents atlantiques appelé lou bordéou (le vent de Bordeaux). On aura soin d'aller voir l'église (XIIè siècle).
Le portail à voussures sur colonnes est un magnifique exemple de cet art roman de l'ouest du Périgord. La légende veut que le cœur de Montaigne ait été scellé dans un pilier de la nef, près de l'église une stèle est érigée pour rendre hommage au philosophe.
A voir aussi, sur la commune, au hameau de Bonnefare, la chapelle édifiée par l'ordre des Templiers et reprise en 1312 par les hospitaliers de St Jean de Jérusalem. Bâtisses dépouillée, simple, datée du XIIè siècle.
Bien sûr le point fort de la commune est le château de Montaigne. Les premières constructions datent du XVIè siècle. Le château lui-même a été entièrement rénové par Pierre Magne, avocat, Ministre de Napoélon III et propriétaire au XIXè siècle, après un incendie il a été reconstruit en 1886.
La tour de la librairie, édifice témoin de la vie de Montaigne est le lieu emblématique du quotidien de l'écrivain et de sa rédaction des Essais avec les sentences latines et grecques écrites sur les poutres du plafond.
Alors Montaigne était-il Gascon ou Périgourdin ? La question est loin d'être tranchée d'autant que celui qui fut maire de Bordeaux fut confronté à un dialecte qui mêlait le gascon et le parler populaire du port et des quartiers de Bordeaux, où se croisaient beaucoup de migrants, on devait donc parler un gascon métissé avec l'occitan du Limousin, des Pyrénées et les parlers charentais et de plus loin encore. Dans un de ses textes ; il cite un proverbe gascon ainsi : Bouha prou bouha, mas a remuda tous dits qu'em. Ce qui peut se traduire ainsi : Nous avons assez soufflé sur nos doigts, il est temps d'en user. On a trouvé de nombreux « gasconismes » dans les Essais. Il emploie ainsi le vieux verbe gascon planchéier pour l'oiseau qui fait son nid. Il utilise le mot arenvoye, forme gasconne de renvoyer avec le préfixe ar. De même il emploie le mot asture qui est la forme gasconne de « à cette heure ». Quand il parle de la montagne il l'écrit à la gasconne, c'est à dire montaigne (avec un i) et ça se prononce montagne (mountagne). Il parle de femmes gorgiasses, du gascon gorgias (pour femmes à belle gorge).
La toponymie du village renvoie au patronage de l'archange Saint-Michel, quant au nom Montaigne, il est le terme gascon pour désigner l'éminence, la bute sur laquelle a été construit le château. Dans sa forme occitane le toponyme s'écrit Sent Miquèu de Monthana et il se prononce [ʂemmi’kɛw] [demũn’taɲɒ] (schenmiquèou dé mountagno).
* Cette chronique est un rendez-vous hebdomadaire de RVB (Radio Vallée Bergerac) diffusé sur 96,3 MHZ à Bergerac et alentours durant la saison 2017-2018. On peut les retrouver en Podcast sur le site de la station RVB à l'adresse internet suivante: http://www.rvb-radio.com/