Le rugby a 110 ans en Berry.- Dans le Berry le rugby est presque une vieille histoire. Il est ainsi lié aux cheminots qui arrivent à Vierzon, montant du midi ou de Gascogne, avec deux richesses en guise de viatique : les noyau d’abricots et un ballon ovale. Et tout ça vous donne, à Vierzon, le quartier de l’Abricot avec ses arbres fruitiers et les SAV !
Ils firent école puisque les Vierz’arts de l’ENP (Ecole Nationale Professionnelle) furent de sacrés joueurs. Passion partagée par les ouvriers des usines Merlin. Dans d’autres cercles on joua avec l’ovale. A l’instar, et c’est très surprenant, d’Alain-Fournier et de Jacques Rivière, qu’on n’attendait pas là. L’un et l’autre pratiquaient ce qu’on appelait encore le football-rugby. C’est dans le fameux lycée Lakanal à Paris qu’ils s’initièrent à cette activité en 1904. Ce sport était jeune puisqu’il fut codifié en Angleterre, par des lycéens, dans le bourg de Rugby le bien nommé, et importé au Havre seulement en 1872. Même s’il est vrai qu’il peut être un héritage de vieux jeux typiques des terroirs de France, jeux de balle, course de la soule ou course du lièvre, que l’on pratiquait souvent pendant les périodes de carnaval. On y jouait dans les rues et sur les places, dans des mêlées mémorables, joyeux charivaris de désordre, de torgnoles, de mornifles et de revanches, qu’on appellerait aujourd’hui des derbys.
Alain-Fournier et ses condisciples furent même de fervents pratiquants puisque membres de la très sérieuse section rugby du PUC (Paris Université Club) qui fut fondée en 1906. On dit même que Pierre Mac Orlan et Gaston Gallimard furent d’émérites équipiers de cette ovalie naissante dans la capitale.
Dans les coteaux au nord de Bourges, en pays Forestin, on peut imaginer qu’il y a eu là un atavisme pour l’ovalie. Ici, de nombreuses familles sont de lointaine engeance écossaise, descendantes des archers des stuarts. Elles ont fait souche là, pour cultiver les pommes et garder au cœur des collines un peu de la nostalgie qui vibre de courses, le cuir sous le bras. Ils ont des noms qui font écho à ces terres de légendes. Les patronymes de Mabilat, Jovis et Villandry, aujourd’hui enracinés en pays Forestin, renvoient à ces terres écossaises où le rugby se forgea. Il reste aujourd’hui en Berry quelques îlots de ce sport qui à, ici 110 ans.