Borie (n.f.).- de l'occitan (provençal) borio, mais aussi du latin boaria (étable à boeufs).
Ce mot a un double sens.
C’est la ferme et en particulier la métairie d’un domaine en Gascogne, en Languedoc et en Périgord dans le Bergeracois. En Provence, c’est le domaine avec sa bergerie.
C’est aussi selon un vocabulaire d'offices de tourisme la cabane de pierres sèches construite de pierres sans lien. Souvent des pierres récoltées au hasard de la succession des labours sur les mauvaises terres des causses. J’ai plusieurs fois lu ou entendu l’expression suivante : « On récolte les pierres ». Mais dans cette acception, il y a contestation. En effet comme écrit précédemment le mot borie pour cabanes de pierres sèches serait une invention récente dans le vocabulaire des offices de tourisme repris à l'usage des touristes. On ne parlait pas de bories mais on parlait de cabanes ou de huttes.
Cabane agro-pastorale
Construite en bordure des champs, en lisières de bois, elle était la cabane des champs, l’abri des hommes, du matériel, des animaux. Refuge à l’heure du repos de la mi-journée car la terre était trop éloignée du village pour un retour à l’heure du déjeuner ou de la collation. Ce sont des cabanes pastorales ou agro-pastorales. Elles ont pu être des abris des bergers, elles ont souvent été des cabanes de vignes ou cabinets de vigne, dans les régions viticoles caussenardes.
La gariottes du Sarladais
Le Périgord n’a bien entendu pas l’exclusivité de ces cabanes que l’on trouve aussi dans le Berry, dans certains coins du Bourbonnais, dans tout le Midi calcaire, mais aussi sous des formes diverses et parentes sur tout le pourtour méditerranéen sous les noms d’ori, de cheyrou, de capitelle, etc. En Périgord noir elles prennent le nom de gariottes. Elles ont pu, localement, constituer de véritables villages à l’instar des cabanes du hameau du Breuilh sur la commune de Saint-André d’Allas près de Sarlat.
C'était nos huttes gauloises
Dans mon enfance, entre écoliers, dans notre langage, c’était les huttes gauloises. De très nombreux lieux-dits du pays lindois, au sud du Périgord, portent la toponymie de Borie, Borio, Boria, Borie-Haute, Borie-Basse, La Bouriette, le Pont de la Bouriette, la Borie de Paty, la Borie Neuve. On trouve aussi des patronymes nombreux en Périgord qui renvoient à la borie avec Borie, Laborie, Bories, etc. Mais il semble bien que l'origine de tous ces toponyme c'est la borie ou boria au sens de ferme, de métaierie.
La borie ou petite ferme
En effet dans sa seconde acception, la ferme, le mot désignait bien en général une ferme du Bergeracois et de la basse vallée de la Dordogne.
Ma grand-mère paternelle, née en basse vallée en 1897, évoquait l’émancipation des métayers au moment de l’effondrement de la rente foncière au début du XXè siècle et surtout au lendemain de la guerre de 1914-1918. Elle parlait de « la vente des bories ». Elle voulait dire « la vente des métairies» propre à cette période, en vallée de la Dordogne, avec le démembrement des grands domaines fonciers et en particulier des domaines viticoles, conséquence de la crise du phylloxéra. Dans divers cantons du Périgord j’ai trouvé le toponyme « Borie de… » signalant précisément qu’il s’agissait d’une métairie rattachée à un grand domaine.
Dans toutes ses acceptions, le mot est usuel en Périgord, mais aussi dans une grande partie de l’Occitanie.
De très nombreux lieux-dits du Périgord, portent la toponymie de Borie, Borio, Boria, Borie-Haute, Borie-Basse, La Bouriette, le Pont de la Bouriette, la Borie de Paty, la Borie Neuve.
Une cabane de pierres sèches sur les tertres de la commune de Pontours (Dordogne) en lisière du forêt, aux limites des anciennes parcelles cultivées. (© Ph.B.S.)