Récente conférence-rencontre à Sarlat, c'était le 19 novembre devant le carrefour universitaire. Voici quelques commentaires de lecteurs et intervenants au débat qui a suivi mon propos sur l’évolution de la société paysanne en Périgord au XXè siècle.
La condition des femmes.- Une lectrice de la région de Vitrac confirme la situation des femmes dans les fermes du Périgord jusque vers la fin des années 1950. Avec en particulier la cohabitation intergénérationnelle qui était à l’origine d’un état de soumission des jeunes femmes aux femmes les plus âgées et notamment des femmes qui arrivaient dans la belle-famille après leur mariage.
L’émancipation par l’école.- Un intervenant évoque longuement le rôle de l’école et notamment la fonction du collège qui dans le courant des années 1960 va entraîner des générations vers le bac. Cette mutation est assez concomitante avec le départ des jeunes de la terre. La question qui surgit est la suivante : sans l’école et sans la progression du niveau scolaire, les jeunes ruraux seraient-il restés à la terre, et pour quoi faire ?
La mutation des paysages.- Un intervenant de la région de Salignac considère à juste titre que la baisse du nombre d’agriculteurs est à l’origine d’une mutation des paysages. Il pense à la reforestation naturelle et à la reconquête des pentes par les forêts. Il aurait pu évoquer une autre cause de la mutation des paysages, les grosses machines à l’origine de l’arasement des haies. Et un dernier intervenant met le doigt sur un autre facteur de mutation des paysages de la vallée de la Dordogne : le mitage souvent massif qui est en passe de défigurer les cingles de la moyenne vallée. Une série de documents est très significative de la visualisation de l'évolution des paysages. Il n'est que d'observer les cartes postales antérieures à 1914. Les cingles de la vallée de la Dordogne sont dénudés. On devine souvent les cultures en terrasses sur les pentes raides. Les mêmes sites aujourd'hui sont boisés.
Être ensemble.- Un lecteur venu de Rouffignac-de-Sigoulès évoque le temps des grands travaux et des repas communautaires. Il se souvient des grandes tablées des vendanges, pour regretter ce temps-là. Nous évoquons les repas et il explique qu’on mangeait la « sabrenade » ou « sobronado » qui était le ragoût de haricots avec les couennes de cochons. Dans cette « sobronado » on versait un filet d’huile de noix. Un ex-restaurateur sarladais, aujourd’hui retraité, rappelle volontiers qu’on verse ce filet d’huile de noix dans le ragout de haricots ou dans celui de lentilles ; mais jamais de vinaigrette à l’huile de noix pour la salade verte. « Les périgourdins ont trop consommé d’huile de noix pendant la guerre pour l’apprécier dans la salade aujourd’hui », explique-t-il.
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