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Periberry

Ethnologie, Berry, Périgord, Auvergne, Bergerac, Dordogne, Loire, tradition orale, mémoire paysanne, recherche sur le paysage, randonnées pédestres en Auvergne et Pyrénées, contes et légendes, Histoire.


Mario Rigoni Stern, le paysan de l'Asiago

Publié par Bernard Stéphan sur 23 Juin 2008, 19:29pm

Catégories : #periberry

Mario Rigoni Stern est mort… J’ai beaucoup de peine. C’était un auteur à la fois rare et majeur. J’ai des souvenirs de moments de bonheur à la lecture des Saisons de Giacomo du Livre des animaux,  de l’Histoire de Tönle, des Sentiers sous la neige, et aussi de Hommes, bois et abeilles, et tant d’autres. Il avait cette manière rare de parler de la guerre sans donner de leçon, en faisant percevoir l’émotion juste et la compassion nécessaire. Etait-il un écologiste ? Sans doute un paysan, un paysan du plateau d’Asiago qui avait dû prendre sa musette et son fusil pour des tâches qu’il voulait oublier au plus vite. Et qu’il n’avait jamais oubliées, portant avec lui cette mémoire de la guerre. C’est un écrivain du cadastre intime, un écrivain qui écarte les branches. Il n’est pas tapageur, ni bateleur, ce n’est pas un tambourineur sur les plateaux télé. Il a la patience et la sagesse de celui qui veille le soir au crépuscule pour regarder passer les oiseaux. Il livre des mots, rares et justes. Il écrit comme il aime cuisiner doucement, à l’authentique, la polenta. (C’est grâce à ces livres que j’ai moi aussi appris à aimer ce plat rustique des l’Italie d’antan). Il y a dans les pages de Mario Rigoni Stern une manière essentielle d’approcher la nature, les animaux, les paysans, la terre et aussi plus largement les gens. Quelque chose à la fois de fraternel et de délicat. Il rend le meilleur de l’intime de l’écrivain lorsqu’il raconte ce lien fraternel de la camaraderie de combats entre ceux qui, un jour, ont dû monter au front de la guerre. Il y a enfin chez cet écrivain un vrai culte du lieu et des traces quelquefois estompées ; traces d’enfances, traces d’école, traces des rites sociaux, traces des coqs de bruyère dans la neige. Le vent a soufflé. Dans doute une méchante bise. Elle vient d’estomper les pas de Mario Rigoni Stern. Mais il y a ses livres… Et sa grande silhouette sèche, celle d’un vieux paysan voûté, mal rasé, là-haut, sur le plateau d’Asiago, où il a voulu mourir.

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