Je recherche des ouvrages de Laisnel de La Salle qui sont aujourd’hui introuvables. A propos, un éditeur curieux ne pourrait-il pas rééditer l’œuvre de cet ethnologue, injustement qualifié de « folkloriste » ? Le travail de Laisnel de La Salle a été un travail de collecte et d’inventaire des usages, rituels, mais aussi d’une tradition de littérature orale. C’est ainsi qu’il a rassemblé de nombreux contes et légendes qu’il a notés après les avoir entendus. Le mérite de Laisnel de la Salle c’est d’avoir écrit un savoir qui jusque là n’était qu’oral. Il a travaillé sur ce qu’on désigne sous l’expression de colportage oral. Ce colportage on le trouvait alors dans les veillées, dans les fêtes (les assemblées du Berry). Il était le fait des aïeux qui colportaient cette oralité pour les enfants et petits-enfants. C’était aussi le fait des conteurs allant ainsi d’assemblées en assemblées. Laisnel de La Salle agit aussi enquêteur de terrain. Il relève usages et coutumes. Il sera, en Berry, une source importante des travaux futurs d’Arnold Van Gennep qui dressera au XXè siècle l’inventaire des usages pour la France entière. Claude Seignolle qui a travaillé sur la Sologne a prolongé à sa manière les travaux de La Salle.
Voici une des légendes collectée en Bas-Berry par Laisnel de la Salle et intitulée L’Herbe du Pic :
L'herbe du pic est une plante magique qui a la propriété de communiquer une force surnaturelle à celui qui s'en frotte les membres ; mais fort peu de personnes la connaissent. Quelques rares privilégiés parviennent, dit-on, de loin en loin, à découvrir cette herbe qui donne au pic-vert la force de percer jusqu'au coeur les chênes les plus durs. Elle se trouve quelquefois dans le nid même de l'oiseau. On assure de plus que cette plante a pour caractère spécifique d'être, à toute heure de la journée, en toute saison, par les froids les plus vifs, comme par les chaleurs les plus intenses, couverte d'une abondante rosée. Gardez-vous bien surtout de la cueillir avec un instrument de fer ! Elle perdrait toute sa vertu. Un nommé Chéramy, dit le Grand Boiron, natif du bourg de Lourouer-Saint-Laurent, et qui vivait on ne sait plus à quelle époque, portait toujours sur lui de l'herbe du pic et vraiment, sans cette circonstance, il serait bien difficile d'admettre tout ce que l'on rapporte de sa force incroyable. Fallait-il rétablir l'équilibre d'une charretée de foin près de chavirer, une simple poussée d'épaule lui suffisait pour la remettre en son aplomb. Un jour qu'il battait en grange au domaine de la Riffauderie, on entendit dans la charpente un craquement extraordinaire. Le Grand Boiron sortit aussitôt, et vit que c'était l'un des pignons du bâtiment qui s'éloignait de la verticale. Il n'en fit ni une ni deux : il appliqua bravement ses reins le long de la muraille, et donna le temps d'aller chercher un charpentier et de construire un contre-boutant, ce qui ne dura pas moins de quatre grandes heures d'horloge. Se trouvant, une autre fois, engagé dans une batterie qui avait lieu, par suite de rivalités de paroisses, à l'assemnblée de Montgivray, il culbuta tous ses adversaires et les entassa, au nombre de quarante-sept, au pied de la grand'croix de la place.
La maréchaussée étant survenue, il se contenta de la désarçonner, puis il enfourcha le cheval du lieutenant, gagna la campagne et disparut.
Le cheval du lieutenant fut retrouvé, le lendemain matin, à la porte de la caserne ; quant au Grand Boiron, on assure qu'on ne le revit plus dans le pay, ni ailleurs.
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