Ville thermale (2ème volet).- Notre Dordogne est toujours un torrent qui dévale vers La Bourboule. Encore dans la haute vallée, elle est encadrée par les dernières montagnes du massif du Sancy. Rive gauche voici le Rocher de l'Aigle et rive droite la rivière longe les pieds du Puy Gros, du Thenon et de la Banne d'Ordanche, dernier sommet emblématique des Monts Dore. Cette Banne a la forme d'une corne (bana en occitan).
Sur les pentes, au-dessus de La Bourboule, la Roche des Fées se dresse, elle raconte une belle légende. La cité devient à la fin du XIXè siècle la reine des villes d'eau et une élite y court. D 'autant qu'à partir de 1899, grâce au chemin de fer, La Bourboule est par train direct à 10 heures de Paris. On y rencontre Buster Kiton, le Maréchal Joffre, Sarah Bernardt ou Sacha Guitry. Les grands thermes ont une architecture qui marque le cœur de la ville avec leurs coupoles byzantines. De là à dire que La Bourboule était la Byzance du thermalisme, il n'y a qu'un pas. C'était aussi la cité thermale pour les enfants, elle en avait pris les couleurs, tous les ponts sur la Dordogne sont peints ici en rouge, là en bleu, ailleurs en vert.
Des ruisseaux dévalent les pentes dont celui de la Roche Vendeix sur laquelle subsiste quelques murailles chenues, ruines d'une forteresse médiévale. En rive gauche à mi-pente, le village de Murat-le-Quaire est une vigie sur le chemin des estives de la Banne d'Ordanche. En haut du bourg, la maison de Toinette est une évocation des pratiques paysannes et pastorales du XIXè siècle.
On y fait un voyage dans le temps, celui des veillées (los veilladas), de la montada aux estives avec le batier (le berger des vaches), des foires. Quelques vieux usages sont évoqués comme le métier de gentianaïré ou cueilleur de la racine de gentiane avec un outil unique appelé « la fourche du diable ». La liqueur révèle un goût rare et presque oublié : l'amertume. On pratique aussi le peignage des hautes pentes pour récolter les myrtilles. Le petit fruit est ici en dialecte auvergnat appelé airela ou aire ou airel. On voit dans cette maison et dans la grange de vieux outils des fermes d'antan comme le bousset (ancêtre de la gourde), l'érayoir (ou égouttoir), la losse (grande cuillère), des pots (mesure qui contenait la valeur de 15 litres), des topètes (fioles de verre), des andelières (ustensile de cuisine suspendus à la crémaillère), etc. Ici les jours joyeux on mangeait des pompes aux pommes et l'hiver les farinades ou crêpes de blé noir. Et plus bas, la Dordogne continue son voyage.