Mots d'Oc/ Villages d'Oc/ Paunat.- Nous voici à Paunat sur les coteaux de Dordogne, pas très loin de Mauzac, Limeuil et Trémolat. Très beau village, magnifiquement restauré autour de son abbatiale, monument majeur de l'architecture religieuse du Périgord. C'est dit-on la plus ancienne église du Périgord puisque attestée en l'an 804, contemporaine de Charlemagne. Certes il ne reste pas grand chose de la première fondation, au plus près d'une source qui donne naissance au ruisseau lui-même appelé le Paunat.
L'abbatiale va subir une grande reconstruction au XIIè siècle et aussi au XIVè. Un élément qui est typique de ce XIIè siècle c'est le clocher-porche qui était selon les époques le lieu de rassemblement des fidèles et aussi un lieu défensif. L'aspect extérieur renvoie à une architecture défensive qui est typique du haut-moyen-âge.
On notera la beauté de l'ensemble intérieur de la nef typique du style gothique, alors que le chœur avec les voûtes à bombement reposant sur de fin piliers sont dites « voûtes Plantâgenet » et sont de style roman. Ce fut un monastère bénédictin voué au culte de Saint-Martial.
Une partie des bâtiments conventuels a disparu, il reste l'ancien presbytère transformé aujourd'hui en restaurant , alors que l'espace de l'ancien cloître a été reconstitué en jardin ménageant avec le végétal la géométrie du patios d'antan.
Près de l'abbatiale voir la fontaine, ainsi que l'arbre symbole de la fondation du village. Un pèlerin aurait planté là son bâton près de cette source, et miracle, le bâton, aurait pris racine. L'arbre, un orme, a disparu, mais un autre a été planté en lieu et place, c'est un beau tilleul. Quant au miracle il incita les témoins dit-on a fonder une abbaye près de la source. Celle-ci alimente un ancien lavoir restauré.
Et on verra dans le village (Photo ci-dessus), dans un espace public les anciens fourneaux d'une ferme servant a cuire la pâté des cochons, la fameuse baccade (de l'occitan bacado) des téchous ou des moussurs (on appelle ainsi les cochons qui étaient engraissés dans les fermes). On voit deux grands récipient à feu en fonte, les peyrols.
Prendre le temps de flâner dans les ruelles et le long des façades anciennes. Et voir une rareté sur une façade, les traces bien conservées d'une réclame peinte pour « Le Petit Journal », grand journal parisien de la fin du XIXè et début du XXè.
Parmi les lieux-dits à racines occitanes de la commune, on trouve La Brande (de l'occitan branda, bruyère), La Grèze (de l'occitan gres pour terrain caillouteux), Les Bertrandoux (peut-être la terre à Bertrand ou alors par allusion aux bertrand, une très vieille variété de châtaigniers), Les Garissets (de garri ou jarri pour chêne et on retrouve garriçado pour le taillis de chênes), Le Mercadial (de l'occitan merca, marché, ou place du marché).
Le toponyme Paunat viendrait du latin palnatum (le pieu né) au sens du bâton planté qui a donné naissance à un arbre. Rappelons-nous : c'est près de la source, à l'endroit du premier miracle, qu'on a décidé de fonder l'abbaye. Dans sa forme occitane, le toponyme s'écrit PAUNAC et se prononce [paw’na] ( paou'nà).
* Cette chronique est un rendez-vous hebdomadaire de RVB (Radio Vallée Bergerac) diffusé sur 96,3 MHZ à Bergerac et alentours durant la saison 2017-2018.