Mots d'Oc/ Villages d'Oc/ Ségur-le-Château.- Nous voici en Corrèze, à la frontière de la Dordogne et de la Haute-Vienne dans les gorges de l'Auvézère. Labellisé plus beau village de France, Ségur-le-Château est construit dans un méandre de la rivière autour d'une butte castrale sur laquelle domine un château, en partie forteresse féodale en ruines et logement nobiliaire des XVIè et XVIIè siècles. Le village lui-même est un magnifique ensemble bâti avec de nombreuses maisons remarquables des XVè et XVIè siècles. Un ensemble qui est dû à la présence ici, pendant plusieurs siècles, d'une corporation de gens de justice parce que Ségur-le-Château fut le siège de la Cour des Appeaux, cour de justice d'appel de la Vicomté de Limoges et du Comté du Périgord, assemblée en ce lieu. Ce sont donc les riches maisons des officiers de justice qui témoignent aujourd'hui de cette longue présence de la Cour des Appeaux de 1343 à 1750, date de sa suppression.
Il faut un long parcours dans les ruelles, le long de la rivière Auvézère, sur les ponts, sur le champ de foire et sous les murailles de la forteresse pour prendre toute la mesure de ce site exceptionnel. Les rues deviennent ruelles étroites, appelées ici chareyrous (de l'occitan limousin charrieiro ou du languedocien carrieiro). Le champ de foire, dans la boucle de la rivière, sous les immenses platanes, est typique des foirails d'antan (c'est lo fieriau en dialecte limousin ou lo helrau en gascon).
Près d'un pont, la rue Pertinax est baptisée du pseudonyme du journaliste André Géraud, grande plume de la diplomatie au journal Le Temps pendant l'Entre-deux-Guerres et à France-Soir au temps de Pierre Lazaref. Il vécut la fin de sa vie dans le château de Ségur dont il était le propriétaire. Passionné par les animaux, il avait publié en 1924 une étonnante déclaration des droits de l'animal. Près du monument aux morts, une plaque rend un hommage à un autre enfant du pays, le général Pierre Pouyade , aviateur, commandant de la brigade Normandie-Niémen pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Voyons quelques toponymes de lieux-dits de la commune. Le Baillargeaud, de l'occitan limousin balharge (la terre à orge) , La Jarousse (de l'occitan jarissado ou garissado, zone naturelle de houx, de buissons et de taillis de chênes), La Jeunie (renvoie aux terres jaunes, argileuses), Las Gaulias (de l'occitan gaulho ou gaulha, mare, trou d'eau, zone humide).
Ségur-le-Château, dont la rivière avait une réputation poissonneuse, s'appela Ségur-les-Goujons de 1919 à 1924. Le toponyme Ségur-le-Château, dans sa forme occitane s'écrit Segur lo Castel et se prononce en dialecte limousin chégur-lou-chatéou.
* Cette chronique est un rendez-vous hebdomadaire de RVB (Radio Vallée Bergerac) diffusé sur 96,3 MHZ à Bergerac et alentours durant la saison 2017-2018.