J'ai refeuilleté Jacquou le Croquant pour trouver quel usage fait l'auteur du roman, Eugène Le Roy, des mots de notre langue d'oc, francisés et souvent accolés au mots français. C'est ainsi qu'il parle d'une « chemin d'escoursière » qui est quasiment un pléonasme puisque l'escoursière est un raccourci ou un chemin de traverse. Le mot occitan (languedocien) escoursièro renvoie à un chemin de promenade. Et lorsque le chemin en croise un autre il emploie le mot cafourche venu de l'occitan caforco pour croisement.
Lorsqu'il évoque la baccade (qui renvoie à l'occitan bacado) ou ration cuite de légumes, châtaignes et verdure pour nourrir les porcs, il ajoute « ou pâtée ». De même il écrit « avec de la guildabre ou liane » utilisée pour faire des liens pour atteler les bœufs, là encore il accole les mots du francitan guildalbre avec le mot français liane. Quant on évoque les petits lézards, ils renvoient au mot occitanisé luserts. Le « gros tas de pierres » il le nomme de son terme occitan « le cheyrou » tout en donnant la traduction. Idem pour le petit frisson qu'il désigne ainsi : « un triboulement comme nous disons ». Du verbe « trimboula» ou « trimoula » ou « tremula » qui est trembler et qui renvoie au mot « tremoul », le tremble, cet arbre qui bouge toujours et dont la racine a donné le toponyme Trémolat, village des bords de Dordogne au pied du grand méandre dit cingle de Trémolat.
Lorsqu'il évoque la topographie d'un petit relief, Eugène Le Roy écrit ceci : « Un tuquet, autrement dit une butte ». Le mot tuquet renvoit à l'occitan tuco, le monticule ou la hauteur.
Les cloches campanent
Dans un autre de ses romans, Le Moulin du Frau, il évoque le vinage qu'il faut boire , du gascon binatge qui renvoie au pot de vin que l'on sert en guise de remerciement; mais lorsqu'il parle des « jeunes droles » utilisant ainsi le mot « drole » pour « enfant » il ne le traduit pas. Et quand il entend les cloches « campaner » il renvoie au verbe sonner mais aussi à l'occitan « campanar », verbe spécifique pour sonner les cloches. Racontant un mariage il évoque la nôvie du mot d'oc novia pour mariée. Et pour finir lorsqu’il évoque « lo ligno » d'un beau parleur il faut entendre « le lignou », c'est à dire la langue comme la langue bien pendu ou « le lignou pas coupé »
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