Il s’agit de mots de la rivière Dordogne.-(réactualisé en avril 2023) Ce sont les mots de la moyenne et basse vallée, tels que collectés dans la plaine entre Argentat et Libourne, en passant par Beynac, Siorac, Trémolat, Mauzac, Lalinde, Couze, Bergerac, Sainte-Foy-la-Grande, Libourne. C’est ainsi que les îles, notamment celles qui occupent le lit de la rivière dans la zone des rapides, entre Pontours et Lalinde, sont les bélisses, quand les coteaux qui longent la rivière et notamment épousent les méandres, sont appelées les cingles. Lorsque les gabarres accostaient, à moins qu’il ne s’agisse d’un argentat (bâteau à fond plant) ou d’une périssoire (longue barque se manœuvrant à la perche), elles se rangeaient le long d’une calle, sorte d’appontement souvent construit en gros pavages (les peyrats) permettant d’aborder.
Stockages de bois sur la calle
Ils pouvaient y avoir des tas de bois empilés, les abaux, de 12 à 24 stères. Mais lorsqu’il s’agissait du bois de flottage descendant du haut pays par hautes-eaux, il était alors empilé sur les plassages, aires de stockage près des calles. Aux abords des villages, les lavandières ou bujadières s’agenouillaient sur un bachou, sorte de bac en bois de protection afin que les vêtements des laveuses ne se mouillent pas. Il y a bien sûr les rapides avec le malpas qui est un mauvais pas ou une cassure du lit, forcément dangereux. Et c’est même devenu un lieu-dit Le Mal pas, en aval d’Argentat et le Malpas aux abords de Lalinde. Près de Lalinde il y avait le Saut de la Gratusse ou passage étroit de La Gratusse. Au point que pour faire passer la zone des rapides entre Pontours et Lalinde une corporation de passeurs, les "Maîtres de Gratusse" embarquaient en amont (à Pontours) pour guider les gabarres tout le long de la zone des rapides et de la passe longue d'un peu plus de trois kilomètres.
Les meilhes à contre-courant
Attention, il y a aussi les meilhes. Il s’agit d’un contre-courant remontant, il inverse le courant et était un véritable piège pour la batellerie. Autres pièges : les rajols ou rapides surtout lorsqu’ils cachent des plantans (roches plates à fleur d’eau) ou des péssières (bancs de sables à fleur d’eau). Ce n’est qu’en période de subernes (crues) que tous ces accidents de la rivière s’estompaient.
La pêche à l'anguille avec la bourgne
Les pêcheries nombreuses trahissaient une consommation importante des poissons d'eau douce. Tenez, prenez le mot bousse que l'on trouve avec sa variante bourgne désigne une nasse en osier utilisée notamment pour la pêche à l'anguille ou pour conserver dans l'eau les poissons vivants. On l'appelle aussi anguiliero (en occitan languedocien) que l'on peut traduire en français régional ou francitan par anguillière. Bousse est la francisation du mot bousso en dialecte limousin, que l'on retrouve en vieux français avec busse et qui désignait un grand panier fait de boudins de paille roulée.
On barrait les biefs
Les engins de pêche ont des noms qui varient selon la forme et le terroir. C'est ainsi que le tramail est un grand filet quand la traîne de basse-vallée et de l'estuaire est un filet traîné par une barque. On barrait les biefs des moulins avec le vervol, traduction occitane du verveux que l'on trouve avec sa forme de virou ou virol en dialecte limousin et birol en dialecte gascon. On trouve aussi le mot limousin vertoulet. On jetait aussi le carreau ou carrelet (petit filet carré) pour piéger un banc de goujons sur les hauts fonds sableux.
Un collier de... poissons
Vieil instrument de Dordogne; la grate ou grato est une très grande épuisette. A noter que les pêcheurs transportaient les poissons enfilés par les ouïes sur une branche d'osier nouée en forme de collier. C'était une osieillade, de l'occitan elhosada. On parlait ainsi d'une osieillade de barbeaux ou de gardons.