Des fêtes de la classe en 6 (en 2016) dans les Monts du Lyonnais.
... ou fête des conscrits.- (réactualisé en mars 2024) Ancienne fête de jeunesse, la fête des conscrits ou fête de la classe, est toujours très vivante dans l’est du Massif central. La fin de la conscription n’a pas fait disparaître cette célébration festive des générations.
Souvenir du tirage au sort des conscrits
Fête des conscrits, elle subsiste dans l’est du Massif central (dans une partie du Forez, en Roannais, en Velay, dans le Vivarais et sur les marges du massif, en Beaujolais et dans les Monts du Lyonnais ainsi que dans les villages du Mont Pilat). La fête des conscrits ou des classes est un héritage forgé au XIXe siècle, au moment du départ des conscrits, ceux qui ont 20 ans, pour le service militaire. En plein XIXe siècle, la conscription, avant son universalité, était soumise à un tirage au sort des jeunes ayant 20 ans dans l’année. « Pour le tirage, les conscrits se rendaient au chef-lieu de canton en cortège, endimanchés, portant des bouquets et des rubans, ils étaient abreuvés par leurs amis et connaissances, arboraient au chapeau le numéro tiré, avaient pendant ces vingt-quatre ou quarante-huit heures, selon la distance à parcourir, un droit aux libertés et licences qui caractérisent toutes les périodes de marge en tant que rites d’étape. » (*)
La classe du balai se prépare aussi
La suppression du tirage au sort avec l’instauration du service militaire obligatoire pour tous les jeunes hommes n’a pas supprimé la fête des conscrits. C’est la classe de l’année qui mène la danse festive accompagnée par la classe dite du balai, celle des 19 ans qui viendront l’année suivante. A chaque classe de garçons correspond une classe de filles participant elles aussi aux festivités.
Aujourd’hui la fête des classes met en scène à peu près toutes les générations dans les bourgs du Forez et du Roannais. Cette année la classe 24 réunit tous les conscrits des années en 4. La génération des 20 ans (2004) sera accompagnée par toutes les classes en 4 précédentes. On voit dans certains bourgs de très vieux classards ; pour les conscrits de la 3 en 1993, à Saint-Symphorien-sur-Coise dans les Monts du Lyonnais, le doyen était un classard de 90 ans (classe 1923).
Une scène de la fête des classards à Roanne (Loire), les différentes classes défilent et font "la vague" par année.
Les classards cassent les codes
La fête de la classe est souvent précédée quelques jours auparavant par la remise des cocardes que chaque classard va arborer. La grande journée (toujours un dimanche) est marquée par le défilé (ou déferlante). Cette déferlante est ouverte par la clique-fanfare, les majorettes et suivent les différentes classes, alignées, avançant par vagues, garçons, filles, etc. En principe les garçons portent le costume traditionnel, chapeau claque ou un canotier, smoking noir, chemise blanche. Les membres de chaque classe s’identifient d’un foulard à la couleur de la décade de conscrits faisant l’objet d’une remise officielle des couleurs. A Courzieu chaque décade, cette année 2024 s'identifiait par un chapeau d'une couleur différente. Ces dernières années les classards ont fait évoluer la tradition, cassant les codes, ils ont souvent pris l'habitude de costumes très colorées, souvent loufoques et il arrive même qu'on se rapproche d'un défilé carnavalesque.
Un interminable banquet
Les classards passent souvent par l’église pour la messe, le monument aux morts pour le souvenir et la mairie pour l’apéritif. Et c’est le banquet (interminable) et le bal; lui aussi très abreuvé. Chaque commune adapte le rituel tout en conservant le défilé. A Tence (Haute-Loire), le défilé des classes en 3 (2013) a été marqué par une parade de chars sur lesquels étaient juchés conscrits et conscrites des décades en 3. De même des chars à Duerne (Loire) en 2024. A Coutouvre (Loire) cette année 2024 les classards ont innové en passant par l'Ephad pour y honorer les plus anciens classards des années en 4.
Fête très vivace dans l'est du Massif central
La fête des classes est la fête traditionnelle de jeunesse la plus vivace aujourd’hui, les anciennes tournées de quêtes et les vieux charivaris ont quasiment tous disparu. En 2013 à Saint-Laurent-Chamousset (Monts du Lyonnais) on a dénombré 145 conscrits de la « 3» pour la déferlante dans les rues du village.
Rite de passage
Ce rituel marque l’entrée de chaque classe dans la chaîne des générations. La fête des conscrits est à observer comme un véritable rite d’intégration ou, selon la formulation de l'ethnologue Arnold Van Gennep, « un rite de passage ». Le service militaire avait ce rôle. La fête de la classe en a conservé le sens.
Début septembre 2017 la fête de la classe de Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire) a été particulièrement animée, jouant sur le chiffre 7 avec un défilé où se sont invités les 7 nains, James Bond 007, des participants très "jet-sept" et d'autres aux sept couleurs de l'arc-en-ciel...
(*) Dans Le Floklore Français, par Arnold Van Gennep. Tome 1 : du berceau à la tombe. Collection Bouquins, Robert Laffont.